L’enrichissement environnemental du chien
La science a démontré, depuis longtemps déjà, que les animaux peuvent, pour la plupart, ressentir des émotions plus ou moins complexes, comme la joie, la peur, la colère, l’amusement, ou encore la tristesse.
Ainsi, les chercheurs estiment que l’enrichissement* de l’environnement dans lequel l’animal est détenu est incontournable pour améliorer son bien-être, car il permet de combler un vide pour l’animal captif. Si la captivité ne permet pas à un animal d’avoir des conditions de vie optimales, l’enrichissement de l’environnement permet au moins d’augmenter la diversité de ses comportements, de réduire la fréquence de ses comportements anormaux, comme la stéréotypie, ainsi que d’augmenter l’utilisation de son espace.

*Toute modification dans l’environnement d’animaux captifs, qui vise à augmenter leur bien-être physique et psychologique en fournissant des stimulations en rapport avec les besoins spécifiques de l’espèce. (Newberry, R.C., 1995. Environment enrichment).
Etablir un programme d’enrichissements adapté

Questions à se poser pour établir un programme d’enrichissement :
- L’animal est-il social ? (Solitaire, grégaire, social) On ajuste alors ses contacts avec des congénères ou d’autres espèces.
- Dans combien de dimensions l’animal évolue-t-il ? Sous-sol, sol, hauteur,…
- Quelles sont les distances que l’animal parcourt chaque jour dans la nature ? On pourra alors ajuster ses besoins en exercices physiques.
- L’animal est-il une proie ou un prédateur ? Afin d’ajuster ses activités alimentaires.
- Que mange-t-il ? Sa nourriture doit-elle être variée ?
- Combien de fois l’animal se nourrit-il par jour ?
- Quels sens l’animal utilise-t-il pour se nourrir ? Le flair, l’ouïe, la vue,…
- Comment l’animal se saisit-il de sa nourriture ? Avec quelles parties de son corps ?
La réponse à ces questions se trouve en général dans leur éthogramme. L’éthogramme est une liste de comportements observés par les éthologues. Les observations peuvent se faire dans la nature (ce qui nous intéresse ici pour mettre en place de l’enrichissement) ou parfois en captivité (zoos, delphinariums,…).
Proposer des enrichissements
Pour que l’enrichissement soit un succès, nous devons considérer les besoins à satisfaire et les comportements naturels de l’animal, c’est-à-dire ceux qu’il aurait dans la nature. Nous devons alors lui proposer des activités qui se rapprochent le plus de ses besoins et de ses comportements naturels et si ce n’est pas possible dans certains cas, lui proposer d’autres activités pour les remplacer. Il faut non seulement proposer de l’enrichissement à un animal en fonction de ses besoins mais aussi l’évaluer car chaque animal est différent et réagira différemment aux activités et aménagements mis à sa disposition. Il faut parfois faire des recherches ou faire fonctionner son imagination pour inventer des enrichissements adaptés. Les seules limites sont de s’assurer de la sécurité de tous.
L’enrichissement peut aussi servir à éliminer des comportements qui témoignent d’un mal être de l’animal : auto-mutilation – stéréotypie (des mouvements et actions répétitives) – agressivité – ennui – apathie. Il est important d’observer l’animal et d’évaluer l’efficacité de l’enrichissement mis en place. Il se peut parfois que son efficacité diminue avec le temps car l’animal peut se lasser de l’activité ou l’aménagement proposé. Il faut alors le remplacer par un nouvel enrichissement. On pourra le réintroduire plus tard et alterner les activités, ce qui évitera sa lassitude.

Les 5 types d’enrichissements environnemental
Structures temporaires ou permanentes
Interactions possibles entre les individus
Manières de proposer de la nourriture
Jeux pour occuper “intelligemment”
Activités sensorielles pour solliciter les sens
Après avoir analysé ses besoins en étudiant ses états mentaux, ses mouvements et ses postures, cinq types d’enrichissement peuvent alors être proposés à l’individu :
- L’enrichissement physique : structures temporaires ou permanentes dans l’environnement ;
- L’enrichissement social : interactions possibles entre les individus ;
- L’enrichissement cognitif : jeux pour occuper “intelligemment” l’individu ;
- L’enrichissement sensoriel : activités sensorielles pour solliciter les sens de l’individu ;
- L’enrichissement alimentaire : façon de proposer la nourriture à l’individu.
L’évaluation du bien-être des animaux nécessite alors une bonne connaissance, non seulement sur la biologie de l’espèce concernée, mais aussi au niveau individuel, avec une connaissance de son comportement, de sa personnalité et de ses besoins. Face à la complexité de ces connaissances scientifiques, il n’est pas facile d’assurer le bien-être des animaux tenus en captivité par les êtres humains d’autant plus que la captivité nui par essence aux animaux. Malheureusement, chaque année, des associations telles que la SPA ou 30 millions d’amis viennent secourir des animaux de compagnie qui évoluent dans des conditions inadaptées, et tentent de réparer les erreurs commises par l’Homme, en répondant correctement à leurs attentes. Certains de ces animaux ne se débarrassent jamais complètement des séquelles de leur passé, et ne pourront jamais retrouver une vie équilibrée et saine.
L’enrichissement environnemental est un engagement quotidien envers le bien-être de votre chien. En diversifiant ses stimulations, en répondant à ses besoins naturels et en favorisant des interactions positives, vous contribuez à son épanouissement et à une cohabitation harmonieuse. N’oubliez pas que chaque chien est unique : il est essentiel d’observer ses réactions et d’adapter les activités en fonction de ses préférences et de ses besoins spécifiques.
Article rédigé par Zoé Paralovo & Déborah Goulet